Descrição
La distribution des sols en Haïti montre une grande variabilité, du fait de la géomorphologie et des écarts importants dans la pluviométrie. Les sols calcaires, issus de roches sédimentaires prédominent cependant à l'échelle du pays et couvrent plus de 80% du territoire, le reste étant constitué de matériaux d'origine volcanique.L'érosion et le ruissellement sont des phénomènes complexes de dégradation des sols en Haïti. L'ampleur du ruissellement et du transport de particules de terre dépendent d'une multitude de facteurs et d'interactions: type de culture, techniques de travail du sol, nature du sol et de la roche mère... L'intensité des pluies ainsi que le degré de la pente et sa longueur comptent parmi les plus importants.La déforestation du pays est souvent présentée comme un phénomène contemporain qui résulterait particulièrement de l'accélération de la coupe de bois pour la production de charbon. L'analyse historique montre un processus beaucoup plus ancien où l'exploitation commerciale du bois se conjugue à une colonisation progressive du territoire, sous l'effet de la pression démographique, pour créer un espace où la couverture pérenne change de nature et n'occupe plus que des aires limitées. Les conséquences de ce processus sont : perte de productivité en culture pluviale ; baisse de la productivité et de la rentabilité des investissements en irrigué ; diminution des quantités et de la qualité de l'eau pour usage domestique et industriel ; réduction de la production nationale d'énergie et augmentation des coûts ; risques de destruction accrus pour les infrastructures ; potentialités réduites pour les zones côtières ; et réduction de la biodiversité.Les le çons tirées des expériences de réhabilitation du milieu en Haïti et ailleurs montrent que l'aménagement ne saurait être une fin en soi. Il constitue plutôt une retombée de systèmes de culture qui justifient les sommes de travail et de capital investies dans la préservation des terres. Il est ainsi important que la question de l'aménagement ne soit pas posée en termes d'investissement « social » ou uniquement en termes de « préservation de l'environnement ». Elle gagne à être posée en premier lieu en termes économiques : si ces investissements sont rentables, génèrent des emplois, et peuvent dans des délais raisonnables en tirer des valeurs ajoutées supérieures aux sommes investies.Différents exemples sont analysés dans ce document et montrent qu'il existe actuellement des conditions de marché favorables à l'extension de systèmes rentables d'exploitation durable des ressources en montagne ainsi que des techniques de freinage du ruissellement adaptées aux contraintes et capacités des exploitants. Ces opportunités sont prises en compte dans les documents de stratégie définis par différents ministères concernés et dans les projets financés par les bailleurs.Les conditions nécessaires pour impulser et maintenir ce mouvement d'intensification durable de la production seraient : des investissements conséquents dans l'équipement des agriculteurs ; la fourniture de matériel végétal approprié ; une recherche appliquée efficace ; une recherche systématique de marchés ; une structure de contrôle phytosanitaire et de contrôle de qualité crédible ; un cadre légal incitant à des investissements pour les différents acteurs économiques ; une offre de crédit adaptée pour la transformation et la commercialisation des produits ; et un réseau de desserte minimal.L'installation d'une politique robuste de protection et réhabilitation des sols en Haïti est un des facteurs critiques pour conduire le pays vers un processus de développement économique et social durable.